Fiction ~ Moon's Manor ♥







Voici donc les premières lignes de cette fiction ♥ N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, et quels conseils vous me donneriez ♥

Gros bisous et... à tout de suite !

Les persos :


Nina : jeune fille de riche, au caractère bien trempé et plutôt du genre gâtée, jalouse et maussade, mais se révélant au cours du récit.

Kate : sa meilleure amie et colocataire, elles accrochent très vite et deviennent amies. Kate possède des cheveux blonds bouclés indomptables (même au fer à lisser !)

Mathys : sombre jeune homme, calme, calculateur et pragmatique, Mathys ne montre jamais ses sentiments qu'il dissimule derrière sa mèche corbeau et ses yeux d'une délicate couleur d'ambre.

Ian : Incorrigible mauvais garçon aux cheveux blonds, ce jeune dragueur fêtard est prêt à tout pour conquérir Nina.

Samantha : la "Reine du Manoir" et sa clique dirigent tout et tout le monde. Du moins, jusqu'à ce que Nina vienne briser ses complots...


Moon's Manor




« Je te sauverai. Pour le meilleur comme pour le pire »


Chapitre premier

Des yeux jaunes. Un cri.
Nina fut réveillée en sursaut par un affreux cauchemar où elle apercevait dans la nuit des yeux jaunes et brillants, agressifs, et de dents blanches scintillantes au milieu d’un caveau ; et elle allait se faire manger. Elle se redressa en sueur dans sa chemise de nuit, et mit un instant à vérifier qu’elle était bien chez elle. Manque de chance, elle n’y était pas.
Nina alluma la lumière de chevet pour ne pas réveiller sa colocataire et comprit aussitôt qu’elle n’était plus dans sa chambre mais dans un hôtel au cœur d’un petit village perdu. Dans une petite ville dont elle avait déjà perdu le nom tant il était difficile à retenir. Elle balaya de ses yeux encore ensommeillés la chambre : exigüe, sans grand prestige, meublée de deux lits de quatre-vingt-dix, de deux tables de chevets, d’une salle de bain et d’une chaise trouée, de rideaux qui laissaient filtrer les rayons lunaires et un parquet mal récuré qui grinçait à chaque pas. L’hôtel id-é-al.
Nina se rappela le voyage en bus serrée contre une petite fille perdue qui avait pleuré durant tout le trajet, l’arrivée dans l’hôtel. Elle revit le hall dévasté avec pour toute consolation un petit bar auquel était accoudée une serveuse à l’air complètement punk.
« Surtout, ne vous perdez pas avant demain, avait recommandé Mme Chasal d’un air pincé et strict en les balayant de son regard accusateur. Le premier que je vois hors de sa chambre en pleine nuit sera puni dès l’arrivée au manoir.»
Nina repensa à la manière dont ils avaient étés accueillis par une hôtesse désintéressée : chambres de deux miteuses, minuscules, à une salle de bain. Tout le contraire du luxe auquel Nina était habituée.
Elle habitait en effet dans une banlieue chic de Boston avec ses parents. Sa mère était avocate et largement payée au dessus de ce qu’elle valait, et son père était un haut fonctionnaire d’Etat. Autant avouer que Nina les voyait une fois par mois, et pas toujours pour son anniversaire et Noël, mais qu’elle avait toujours ce qu’elle demandait sur un claquement de doigt. Aussi dormir dans un lit une place et dans des draps qui ne sentaient pas la lessive lui donnait envie de vomir.
Sauf que ses parents n’avaient pas étés assez prudents : son père avait misé toute sa fortune, ou presque, dans un jeu de tarot auquel il avait été pris à son propre piège. N’ayant plus de quoi se payer la luxueuse maison, et encore moins le chic lycée privé de sa fille, il avait préféré envoyer Nina en pension ici qu’abandonner sa vie de riche.
Nina retourna à la réalité et vérifia l’heure sur son réveil. 3h00. Il ne lui restait plus que trois heures avant le grand départ de cette chambre d’accueil défraîchie.
Nina tremblait de froid, et resserra sa couverture : regarder dormir sa colocataire de chambre, avec son souffle régulier et ses yeux fermés, l’apaisa quelque peu, mais pas assez pour refouler l’appréhension qui lui tordait le ventre. Demain, ils allaient reprendre le bus pour aller rejoindre leur vrai pensionnat, et de ce que Nina avait pu en voir, ce n’était pas le grand luxe. Sur l’annonce, elle n’était même pas sure d’avoir vu une partie concernant l’accès wifi. Elle profita de cette maigre occasion où elle était libre pour se connecter aux réseaux sociaux, répondit à ses amies stylées restées à leur train-train quotidien à Boston. Elle regretta de se trouver dans cette honteuse chambre d’hôtel quand son amie Chloé lui envoya le cliché d’elle au bord de la piscine colorée prenant un bain de minuit.
Nina ignora royalement le texto qui l’accompagnait, sentant son cœur se serrer malgré la promesse qu’elle s’était faite de ne pas céder aux larmes :

Tu nous manques. Bonne rentrée. Peut-être que cette année j’aurai enfin une chance d’être reine du lycée.

Les yeux malgré tout humides, Nina éteignit l’appareil et le reposa sans bruit sur la couette. Sa coloc’ devait avoir un sacré sommeil de plomb pour ne pas se réveiller en l’entendant trafiquer depuis une bonne demi-heure.
Anxieuse, la jeune fille se retourna vers sa valise à demi-défaite coincée dans un coin de la pièce, jeta un coup d’œil à sa table de chevet où trônait une pile de magazines de mode qu’elle avait qualifié en partant « de survie ». Elle devait en avoir avec elle une bonne centaine, et elle tenait à chacun autant qu’à la prunelle de ses yeux.
Nina commença par vérifier sur le calendrier quand serait la prochaine fois qu’elle pourrait rentrer à la maison  et maudit son père pour avoir préféré ses habitudes à sa fille. Il l’avait reniée sans faire d’histoire, préférant sa fortune.
Ensuite, la jeune lycéenne saisit la brochure qui montrait une photo du manoir où elle allait désormais faire ses études, et lut les informations pour la cinquantième fois de la journée, défroissant le papier déchiré, scotché et complètement inutile.
« Il va falloir que j’en redemande un à l’accueil » songea Nina en serrant entre sa main le papier dépravé.

Le manoir

Internat accueillant, manoir ancien. Dix salles de classes, cent soixante-quinze dortoirs de deux personnes.
L’internat accueille les élèves de tous niveaux. Les chambres comportent trois lits (plus tables de chevet, mini-bureau, rangements nécessaires et réglementaires). Le règlement est ci-joint. Les horaires sont indiqués en bas de la page, les conditions d’accueil également. Pour plus de renseignement, contactez nous à l’adresse indiquée ci-dessous.

Programme :
Accueil des enfants dans les points de ralliements les plus proches (rendez-vous sur la page « points de ralliements » pour avoir les indications sur celui le plus proche de chez vous) le Vendredi 20 Mars à 20h
Départ à 20h30
Voyage de nuit jusqu’au Samedi 21 Mars à 18h (pause toutes les deux heures et changement de conducteur vers 6h)
18h30 accueil au point de rassemblement
7h départ pour le manoir
9h arrivée au manoir.

Et voilà dans quel endroit avait atterri Nina. Loin de son confort habituel, elle se retrouvait au bord des larmes dans cet hôtel, ce « point de rassemblement »,  en train d’écouter sa coloc’ de dix ans tout au plus se mettre à ronfler. Où étaient passées les soirées, les bals de lycée, les amies branchées toujours là au moindre coup de cafard ? Les beaux garçons tous à ses pieds ?
Nina démêla machinalement ses cheveux d’un coup de main distrait et vérifia l’heure.  3h36. Si elle voulait ne pas avoir une tête d’enterrement demain pour sa rentrée au manoir, elle devait absolument se coucher maintenant. Elle tenait à faire bonne figure.
Mais une fois la lumière éteinte, Nina, les yeux fixés sur la fenêtre qui laissait passer les rayons de lune, se rendit compte qu’elle n’arrivait pas à dormir.
Comment allait-elle se débrouiller ? Y avait-il des soirées caritatives et autres choses de ce genre au manoir ? Y avait-il des beaux garçons, des filles prêtes à tout pour elle ? Saurait-elle retrouver sa popularité qui allait tant lui manquer ?
Elle se rendit aussitôt compte que son confort et le culte de sa petite personne allait gravement lui manquer, et elle réalisa vaguement que toutes ces questions étaient centrées seulement sur elle, et pas sur sa vie là-bas.
Nina sentit les larmes rouler en silence, et sombra dans un sommeil agité peuplé de trous sans fonds et de Chloé qui se moquaient d’elle.

***



Ce fut sa colocataire qui la réveilla. Le regard ensommeillé, les cheveux en bataille, la petite fille de dix ans lui secoua l’épaule en baillant et se pencha pour ouvrir les volets. Nina se redressa aussitôt faisant la grimace face aux pâles rayons de soleil qui traversaient les lambeaux de nuit. Il devait être aux alentours de six heures du matin puisque l’aube pointait seulement le bout de son nez.
Sa colocataire ne lui prêta plus attention, emprunta la salle de bain une bonne demi-heure laissant Nina reprendre ses esprits et fulminer en silence. Nina en profita pour regrouper ses affaires en vrac dans sa vieille valise rose, frappa à la porte de la salle de bain et se recoucha en lisant un magazine. Son ventre gronda légèrement.
Soudain, la porte s’ouvrit et la sévère Mme Chasal fit irruption dans la petite chambre avant de s’écrier, les lunettes de travers :
-          Départ dans une demi-heure ! dépêchez-vous, nous sommes déjà en retard !
Il était exactement six heures vingt-six. Nina repoussa sa couette rêche et se leva, encore en chemise de nuit blanche. Mme Chasal lui jeta un coup d’œil froid, agacé, et repartit en claquant la porte. La jeune colocataire en profita pour ressortir toute fraîche, pimpante, habillée et coiffée prête pour la rentrée. Nina oublia sa mauvaise humeur et fila vers la salle d’eau.
-          Selon le programme, nous prendrons le petit déjeuner à l’internat, déclara la petite fille.
-          O.K. Euh… Dis, comment tu t’appelles ? je ne peux pas continuer à être dans ta chambre sans connaître ton nom, dit Nina.
-          Tu sais, ce n’est que le temps d’arriver au manoir, mais si tu y tiens. Jade. Enchantée.
-          Nina, dit-elle un peu décontenancée par l’air si mature de la fillette.
Nina lui adressa un pâle sourire, encore agacée de n’avoir que trente minutes pour se préparer.
Elle saisit sa trousse de toilette dans son petit sac de voyage et fila sous la douche. Elle se débattit avec le robinet d’eau chaude réfractaire à toute manipulation de sa part, batailla avec la pomme de douche fêlée, et arriva enfin à se shampouiner maladroitement les cheveux dans l’étroit espace blanc cassé.
Les cheveux humides emballés dans une serviette crasseuse, Nina réussit à trouver un coin du miroir qui n’était pas englouti sous une couche de poussière et songea avec dépit au manoir qui l’attendait. Vu l’état et la prestation du voyage vers l’internat, elle allait devoir repousser toutes ses manières pour vivre dans un tel taudis.
Elle se maquilla, appliquant simplement une couche de mascara sur ses longs cils et s’habilla avec la tenue obligatoire de l’internat : jupe plissée qui arrivait au genou, de couleur bleue, pull universitaire et sous-pull sans col blanc. Elle enfila son gilet en mailles et réussit à rentrer ses pieds dans ses bottines – seuls vestiges de son ancienne vie, seul vêtement qui montrait encore celle qu’elle avait été.
Quand elle ressortit, Jade était déjà assise sur son lit, bien sage, valise close et blazer bleu sur le dos. Elle avait noué ses fins cheveux blonds en chignon défait et ne lui accorda pas un regard quand elle entra dans la chambre.
Nina rejoignit son lit, posa sa trousse de toilette dans sa propre valise et referma le tout. Elle inspecta la pièce pour vérifier n’avoir rien oublié et rangea soigneusement ses magasines dans son sac de voyage. Elle enfila aussi son blazer couleur marine et plaqua son sac sur l’épaule.
Une boule commençait à lui tordre douloureusement l’estomac, mais Nina décida de ne rien laisser paraître de ses sentiments et d’un air digne s’assit aux côtés de Jade.
-          On y va ? proposa-t-elle d’un ton qu’elle voulait enjoué.
-          Si tu veux, répliqua Jade. Je suis prête.
Nina acquiesça et elles se levèrent d’un même mouvement. Il était sept heures moins dix, le timing absolument parfait.
Elles descendirent les escaliers, rejointes par deux autres groupes un peu retardataires, et émergèrent dans le hall.
Chacun était hagard, certains joyeux et d’autres beaucoup moins, rassemblés autour de Mme Chasal qui faisait l’appel le nez collé à la feuille. Elle braillait les noms si forts que Nina l’entendit depuis la fin des escaliers. La femme de l’accueil paraissait trouver tout ce cirque très amusant.
Nina et les groupes rejoignirent le reste, se récoltant un regard peu amène de la part de la seconde surveillante à l’air revêche, et baissèrent la tête en signe de soumission. Mme Chasal appela Blondin Crystal, Bouillo Jaques et enfin, Eve Nina.
Nina hurla présente pour défier Mme Chasal et laissa celle-ci terminer son appel.
Enfin, la surveillante déclara qu’il était temps de monter dans le bus et Nina grimpa en laissant Chasal lui appuyer sur la tête en la comptant. Une fois entrée, Nina évalua aussitôt la situation : aller devant, au milieu, ou au fond ? Juste avant de se rappeler que ses amies ne l’attendraient pas en lui gardant une place tout au fond. Du coup, la jeune lycéenne s’installa sur un des seuls sièges ou elle pouvait être seule – et tranquille.
Heureusement, elle avait pensé à prévoir sachets de bonbons et lecteur MP3. Tout en cherchant à capter du réseau, elle se goinfra de gélatine en écoutant la nouvelle rappeuse à la mode qui lui détruisait les tympans.
Personne ne vint la déranger. L’autocar démarra dans une secousse et laissa la jeune fille dans son monde. Vingt-trois chansons entières défilèrent avant qu’ils arrivent enfin au manoir.
Nina regardait attentivement par la fenêtre et fut frappée par les décors : la ville disparaissait pour laisser progressivement place à la campagne peuplée de vaches, chèvres et cochons. Des tracteurs sillonnaient les champs.
Le temps devint pluvieux au fur et à mesure qu’ils approchaient du manoir. Nina remarqua que la route devenait plus caillouteuse, que l’écart entre les pentes des montagnes se creusait jusqu’à ce que le bus se retrouve au cœur d’un vallon. Ils traversèrent un petit village au nom imprononçable et le chauffeur tourna à droite. Ils suivirent les pentes de la falaise jusqu’à arriver sur le premier plateau.
La vue descendait en contrebas sur les petites habitations colorées et microscopiques. Nina ôta son casque de ses oreilles pour être plus libre d’examiner le paysage, mais elle eut beau se tordre le cou, elle ne voyait toujours pas le fameux lycée. Et le car qui continuait de grimper sans faiblir…
Nina ferma les yeux et quand elle les rouvrit, elle eut la surprise de trouver l’autocar complètement stoppé, vibrant de discussions surexcitées ou de pleurs angoissés. Comprenant qu’ils étaient à destination, Nina se dépêcha de ranger son matériel avant d’être incendiée par Chasal.
Elle jeta son sac sur l’épaule et se faufila entre la foule de vingt personnes qui cherchait à descendre du bus dans un concert de cris et de protestations. Nina repéra seulement une demi-douzaine de personnes d’environ son âge et grimaça en réalisant que le reste était exclusivement composé de petits.
Elle put enfin trouver de l’air frais. Le vent glacial de la montagne lui frappa le visage et elle resserra machinalement son écharpe, cherchant à atteindre la soute à bagage du bus parmi la foule. Non loin de là, Chasal criait à qui voulait l’entendre de se ranger par deux.
Nina parvint enfin au milieu du bus et chercha des yeux sa valise rose ; elle la repéra vers le fond. Elle poussa une petite fille qui criait et attrapa maladroitement sa valise, écrasant au passage quelques paires de pieds. Elle s’extirpa de la foule avec un soupir de soulagement et rejoignit Chasal.
Elle se rangea aux côtés d’un jeune d’environ seize ans aux allures de racaille, dégingandé au possible, rasé sur les côtés à la manière des footballeurs. Il lui sourit d’un sourire de requin et elle se détourna, mal à l’aise. Elle avait oublié que ce manoir rassemblait à la fois les fauchés et les malotrus.
Chasal annonça qu’ils allaient devoir gravir une petite pente et que le manoir se trouvait derrière l’énorme rocher juste au dessus. Chacun acquiesça et tirant sa valise, et ils s’élancèrent en essayant d’être enjoués en direction qui roc qui surplombait le bus.
Le chemin était typique, caillouteux à souhait. Nina souffla car sa valise et son sac pesaient très lourd mais renonça à demander de l’aide à la racaille-requin.
Ils se traînaient jusqu’au sommet, et quand les premiers aperçurent le manoir, ils poussèrent des sifflets d’admiration, d’autres poussèrent plutôt des cris de peur. Nina vit apparaître une immense forteresse qui dominait un terrain vert s’étalant sur plusieurs hectares et protégé par des enceintes de pierres. La garde était assurée par deux gargouilles aux ailes repliées et à l’air terriblement malin, qui firent froid dans le dos à Nina. Quand le groupe passa les grandes et lourdes portes de bois, chacun frissonna.
Le manoir en lui-même était immense, la façade sombre. Le toit venait d’être refait, il était en briques couleur rouge sang. Un étendard aux couleurs de l’internat flottait sur le sommet d’une tourelle.
Les salles de classe étaient toutes au rez de chaussé, les chambres à l’étage. Malgré elle, Nina fut impressionnée par le nombre de fenêtre qu’elle apercevait. Elle détailla l’endroit, les jardins, la cour et les escaliers de marbre qui menaient aux portes d’entrée du manoir. Près d’elle, les plus petits se tenaient la main.
L’endroit semblait sans vie, un mélange de moderne et d’ancien : car dans le fond du jardin, Nina aperçut des serres en verre et un motoculteur. La porte s’ouvrit sur un homme petit, chauve sur le dessus, mais aux yeux pétillants de joie. Chasal fit signe aux futurs élèves de s’arrêter.
-          Bienvenue au manoir ! dit-il en souriant aimablement. J’espère que vous aller vous y plaire !
Nina tenta de répondre par un sourire mais ne réussit qu’à grimacer. Se plaire, ici ? Il pouvait toujours rêver… Ensuite, le directeur entra dans le lycée et les invita à les suivre. Nina tenta de ne pas se laisser porter par son appréhension et remonta machinalement son sac sur son épaule droite pour se donner contenance. Elle remarqua que deux garçons se retournaient sur son passage, ce qui la rassura quelque peu.
Les nouveaux entrèrent dans un hall complètement style ancien manoir. Aux divers tableaux de chevaliers s’ajoutaient des objets plus ou moins modernes : Nina aperçut même un vieil ordinateur qui ronronnait dans son coin. Elle remarqua que les lumières étaient neuves, et la peinture quasi fraîche. Tout semblait décidément un étrange mélange de moderne et d’ancien, et elle dut avouer que cette ambiance lui plaisait.
Nina préféra bien rester dans les rangs, ne pas se faire remarquer pour le moment. Le groupe monta les escaliers doucement, chacun s’extasiant devant les décorations. Quelques groupes s’étaient déjà formés et échangeaient des rires ou des appréhensions. Nina regretta aussitôt son groupe d’amies et d’admirateurs de son ancien lycée.
Ils arrivèrent dans un immense couloir couvert de portes. Le directeur leur apprit, jovial, que c’était le couloir des dortoirs. Nina fut soulagée de constater qu’il était beaucoup moins sinistre que celui de l’hôtel d’accueil qu’ils avaient quitté deux heures plus tôt. Il était certes sombre, mais les portes semblaient bien fermer, la lumière était douce et suffisante à la fois. Les tentures moyenâgeuses avaient disparu, remplacées par un papier peint à fleurs.
Le directeur ne s’attarda pas et leur fit découvrir les salles de classe, le second couloir de chambres – celui des garçons – et ils entrèrent enfin dans une vaste pièce blanche. Des tables colorées en rose et violet s’étalaient à perte de vue, accompagnées de chaises. Les tables étaient toutes rondes, sans exception. L’ensemble était extrêmement moderne, bien plus que tout ce que Nina avait pu apercevoir du manoir jusqu’ici.
Dans des plateaux attendaient de copieux petits déjeuners composés d’œufs, de bacon, de lait, de céréales, de fruits, de thé en sachet… Nina en eut l’eau à la bouche rien qu’à voir les petits pains faits maison, et regretta les règles de savoir vivre. Elle n’avait rien mangé depuis la veille et son ventre commençait à s’en plaindre.
Le directeur ouvrit de grands bras qu’il voulait accueillant et s’écria :
-          Voici le self. Bon appétit !
Les élèves mirent du temps à comprendre que c’était une invitation à manger mais, quand elle le saisit, Nina s’élança vers les tables sans hésitation, aussitôt suivie par un groupe de fille qui papotait allègrement. Nina se rappela avoir croisés quelques élèves qui devaient être là depuis un an ou plus, mais pas énormément.
Elle s’installa aux côtés d’une jeune fille aux allures légèrement gothiques - piercings, tatouages et multiples boucles d’oreilles en anneaux – et commença par choisir une pomme. Elle repéra Jade qui était assise à l’autre extrémité et qui dévorait déjà son pain.
Nina s’interdit de mal se comporter et coupa sa pomme en morceaux, devant l’air étonné des futurs élèves affamés. Effectivement, la plupart étaient issus de familles beaucoup moins aisées que la sienne, ou encore, c’étaient des jeunes qui n’avaient pas de parents disponibles pour les éduquer. Nina comprit que survivre dans un tel endroit allait être beaucoup plus dur que ce qu’elle croyait. Elle dévora sa pomme en quartiers puis s’attaqua aux céréales et à la tisane verveine proposée sur un coin du plateau. Elle la laissa infuser tout en croquant dans une tartine savoureuse : au niveau du service et de la qualité de la nourriture, absolument rien à redire. Cela compenserait l’insalubrité des salles de classes…
La jeune fille termina son déjeuner sous l’œil attentif de Mme Chasal et du directeur, Mr Bourbon,  et attendit que les autres fassent de même. Elle en profita pour repérer ses futurs alliés, ses futures conquêtes probables.
Il y avait une fille, qui paraissait plus raffinée que les autres, là-bas : elle portait un chignon banane et avait troqué son blazer contre une veste en tweed bleue. Nina observa ses traits fins, sa bouche délicate et son teint de porcelaine. Evidemment, elle avait les yeux bleus et les cheveux blonds. Nina maudit ses cheveux châtains.
La jeune fille repéra également un groupe de trois filles qui déjeunaient ensemble en riant ; la première avait l’air à peu près civilisée, portait sa jupe plissée avec classe et élégance. Elle avait laissé ses cheveux bruns épais et légèrement bouclés détachés derrière son dos. La deuxième était moins jolie, peut-être à cause de ses lunettes à monture écaille et de son appareil dentaire. La troisième était plus réservée, moins souriante, mais néanmoins mignonne : elle avait des cheveux bruns profonds et un teint extraordinairement rosé.
Du côté des garçons, Nina aperçut un groupe de jeunes hommes, les cheveux en bataille, qui riaient comme des bossus. Ils étaient quatre, et deux d’entre eux devaient être jumeaux car ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eau : le même teint albâtre, les même mèche blondes-rousses et les mêmes taches de rousseur. Cependant, rien de particulièrement exaltant.
Nina remarqua que le directeur s’apprêtait à prendre la parole, et que ses camarades avaient fini leur petit déjeuner. Nina nota mentalement d’aller parler à la fille à la veste en tweed.
-          Tout d’abord, je vous souhaite encore une fois la bienvenue au manoir, dit le directeur. Je voulais vous donner un dépliant vous informant des heures de cours, les plages horaires où le service servait à manger, les heures d’accueil de la vie scolaire au rez-de-chaussée… les voici. Merci de les faire passer.
Nina attendit patiemment que la pile de papier arrive jusqu’à elle et la passa aux autres en serrant dans sa main son papier comme une bouée de sauvetage.
-          Enfin, vous trouverez affichés sur le mur ici – il indiqua le mur de la cantine sur lequel étaient effectivement placardés des feuilles, des écriteaux – le numéro de votre chambre et votre colocataire.
Un murmure parcourut la foule d’étudiant. Le regard de Nina s’était immédiatement posé sur les papiers comme si elle pouvait voir les noms depuis sa place. Malheureusement, elle n’avait pas de supers pouvoirs et resta là seulement à se tordre le cou pour mieux voir les feuilles.
Le directeur souri encore une fois et ajouta avant de quitter la salle :
-          Je ne veux pas de bagarre, ni de cohue. Restez calme et une fois votre nom trouvé, vous avez pour obligation de filer dans vos chambres. Vous aurez du temps libre jusqu’à ce soir, alors je vous conseille vivement de faire connaissance avec votre colocataire et de ranger vos valises ! Vous pouvez y aller.
A peine avait-il terminé sa phrase que chacun se leva d’un même mouvement en direction du panneau d’affichage. Nina se précipita pour arriver avant les autres, mais étant naturellement de petite taille, ne put pas arriver auprès des feuilles aussi rapidement qu’elle l’avait espérée.
Les grands étaient bien évidemment déjà devant les panneaux. Nina se mit à sautiller pour apercevoir quelque chose mais dut attendre que l’un d’entre eux digne se pousser.
Elle parcourut les listes du regard et trouva enfin son nom.

Keller Nina – Chambre 56 – Parret Kate

Dès qu’elle eut lu le petit écriteau, Nina se tourna et fila vers la sortie son papier d’information encore serré contre sa paume. Elle parvint enfin à la sortie et se coula parmi les étudiants bruyants pour descendre les escaliers. Elle parvint enfin en bas, tourna à droite et suivit les flèches de bois peintes en bleu qui indiquaient « dortoir filles ». Nina suivit le marquage et se retrouva devant le couloir bondé, empli de bavardages futiles.
C’était la première fois qu’elle avait l’occasion d’apercevoir les anciennes filles du lycée. Elles étaient toutes regroupées, dans leurs petites jupes plissées détestables. Nina décida qu’une fois installée, elle commencerait à faire monter sa réputation.
Elle suivit l’allée des chambres, cherchant le numéro 56. Les filles la regardèrent passer, certaines impressionnées et d’autres limite agacées. Nina se félicita d’avoir choisi un maquillage léger et naturel ce matin, ainsi que d’avoir brossé ses cheveux avec soin. Il fallait à tout prix faire bonne figure, ici.
Elle trouva enfin son numéro de chambre, et ouvrit la porte. Elle se retrouva dans une petite pièce meublée de deux lits – dont un défait –, deux tables de chevet et d’une télé allumée complètement grésillant. Nina en laissa tomber son sac de désespoir.
Il n’y avait qu’une seule fenêtre dans la chambre, et un volet était cassé. La moquette était un peu sale, les draps mal tenus. Il n’y avait qu’une minuscule armoire dans le fond. Soudain, un bruit sourd retentit.
-          Il y a quelqu’un ? demanda Nina en s’approchant.
Une silhouette émergea de derrière le premier lit, complètement ébouriffée. Nina eut un mouvement de recul mais la jeune fille qui venait d’apparaître était toute essoufflée et lui tendit sa main.
-          Bonjour ! Bienvenue. Tu dois être Nina ?
-          Kate, je suppose ? rétorqua la jeune fille en souriant.
Kate sourit, creusant ses petites fossettes. Elle avait des yeux très clairs, des cheveux bouclés blonds complètement indisciplinés qui retombaient en mèches rebelles sur ses lunettes carrées aux montures couleur corail. Sa jupe plissée était deux fois plus froissée que la normale. Nina se rendit compte que pour son ascension, ce n’était pas vraiment la colocataire idéale mais elle s’y ferait. Elle avait l’air gentille.
Nina s’approcha, tirant derrière elle sa lourde valise rose et ferma la porte derrière elle. La chambre devint silencieuse, sans les bruits du couloir. La jeune fille s’approcha du lit encore fait, supposant que ce devait être le sien. Elle avait vu juste, puisque sa nouvelle amie de l’empêcha pas d’y accéder.
-          Tu veux de l’aide pour ranger tes affaires ? proposa Kate.
-          Ce ne serait pas de refus.
Kate réajusta ses lunettes machinalement et vint l’aider. A deux, elles ouvrirent l’énorme valise, découvrant les vêtements et les magazines rangés pêle-mêle dans un branle-bas de combat indescriptible. Nina rougit jusqu’à la racine des cheveux et jeta un coup d’œil à Kate, hilare.
-          Tu étais au courant qu’il n’y avait pas beaucoup de rangements, dans les chambres ?
-          Je n’en avais strictement aucune idée, avoua Nina en sortant son uniforme, seul vêtement soigneusement plié.
-          Je dois t’avouer que je m’en doutais, répliqua Kate.
Nina hésita un instant avant de sourire, ne tenant pas à donner à cette fille l’occasion de se faire de fausses idées. Elle tenait à se faire des amies dignes de ce nom, pas des amies timides et premières de classes. Ce n’était pas son but.
Elle rangea péniblement ses affaires dans son placard minuscule, et dut laisser un certain nombre d’objets encombrants dans la valise – fer à friser, lisseur, crèmes multiples et débardeurs – qu’elle avait emporté en masse. Heureusement, les salles de bains commues étaient situées juste en face de leur chambre, ce qui permettait de s’y rendre plus rapidement. Nina profita de cette occasion pour aller se remaquiller discrètement, accentuant son blush.
Elle retourna dans la chambre et trouva Kate affairée sur son ordinateur portable. Nina se décida à lui poser une question, intriguée par l’aisance de celle-ci.
-          Ça fait combien de temps que tu es au manoir ? questionna  Nina en refermant la porte de son placard.
-          Tu veux vraiment savoir ?
-          Ben…oui.
-          Depuis mes sept ans je suis au manoir.
Nina resta bouche bée. Elle avait à peine l’intention d’y passer un an, le temps que le compte en banque de ses parents grossisse, avant de retourner à sa vie paisible et superficielle.  Cependant, Nina se rappela ne pas avoir aperçu énormément de personnes qui étaient déjà là avant.
-          Il ne devait pas y avoir grand monde, alors…
-          Détrompe-toi ! s’écria Kate avec un sourire. Si tu n’en a pas vu aujourd’hui, c’est parce que les habitués étaient partis en vacances dans leur famille. Ils rentreront vers quinze heures, il me semble.
-          Ah. Je me disais aussi.
Quel jour de rentrée étrange ! a cette heure-ci, l’année dernière, elle était en plein cœur des discussions et embrassades. Elle se rappelait même de sa prof principale, Mme Schneider, professeur de maths rigide et pas du tout excentrique. Le jour même, Nina avait été collée parce qu’elle se recoiffait en cours.
Elle avait du mal à croire que certaines personnes resteraient ici jusqu’au moment d’aller table de chevet et se connecta sur internet grâce à un code provisoire que lui donna Kate.
-          Par contre, il n’y a le droit qu’à deux heures par semaine, et ils changent le code chaque fois…
-          Dommage, se plaignit Nina.
Elle se dirigea vers le site de chat qu’elle préférait et constata avec satisfaction qu’elle n’étai pas totalement oubliée comme l’avait prétendu Chloé.

Sophie2678 : Alors cette installation ? Raconte-moi tout ! Tu nous manques, drôle de rentrée sans toi ce matin. C’était moins drôle. J’espère que tu te plais dans ton lycée. Kiss !
_Chloé_ : rentrée parfaite. Ça m’a fait tout drôle d’être au centre de l’attention.
Herm-4558 : Salut mon cœur, alors comment ça va ?
Gavin46 : dis donc, c’était chelou ce matin sans voir ton beau visage.

Nina sourit en lisant ce dernier message qui lui réchauffa le cœur : Gavin était son ancien petit-ami, et ils étaient amis depuis le primaire. C’était quasiment le seul, avec Sophie, qui avait l’air à peu près sincère.  Nina les regrettaient tous les deux plus que les autres, et pourtant dieu savait qu’elle avait été sacrément bien entourée durant toute sa scolarité.
Elle répondit à chacun – sauf Chloé, qui s’en passait sans doute très bien – et éteignit son téléphone après avoir relevé ses mails et fut surprise en remarquant seulement qu’Kate n’était plus dans la chambre.
Elle posa son réveil sur la table de chevet et remarqua qu’il était bientôt midi, ce qui expliquait le fait que la jeune fille soit sans doute parti manger. Nina sentit son ventre grogner et décida de quitter sa petite bulle de confort pour remonter manger, après toutes ces heures de rangement.
Elle remonta le couloir, croisant quelques groupes d’élèves mais sans plus, et le fait que personne ne s’intéresse à elle la déprima d’autant plus. Néanmoins, elle monta à la cantine.
Avant la grande salle du self, se trouvait un étroit couloir ou tout le monde faisait la queue avec son plateau pour se servir à manger, sauf pour le petit déjeuner. Nina attendit patiemment son tour, surprenant involontairement certaines conversations entre anciennes du manoir, et se servit une salade verte, un plat principal composé de pommes de terre, et s’assit à une table à quatre avec Kate qui venait de lui faire signe.
-          Tu manges seule ? s’étonna Nina qui avait l’habitude que l’on se batte pour être à côté d’elle au self.
-          Quel est l’intérêt de manger avec des gens que tu n’aimes pas ? répliqua Kate la bouche pleine et l’attention focalisée sur son repas.
Nina réfléchit à cette remarque, la trouvant à la fois juste et déplacée. Elle commença à mâchonner distraitement ses feuilles de salade tout en contemplant les personnes alentour.
Une autre fille, nouvelle et de leur âge, vint s’asseoir à leur table en prétextant un manque de place. Kate l’accepta sans broncher et Nina dut se forcer à faire de même, tout en louchant sur un groupe de fille exubérant qui riait à gorge déployée de l’autre côté de la pièce. Entourée de garçons tous plus mignons les uns que les autres.
Fulminant contre elle-même, Nina termina ses pommes de terre et planta là Kate qui la regarda partir d’un air surpris, les cheveux lui retombant sur les joues. Nina quitta le self, consciente d’être observée sous toutes les coutures par les tables à proximité. Elle atteignit la porte et la franchit sans états d’âme.
Elle retourna à la chambre et se coucha sur le lit au bord des larmes, maudissant ses parents. Kate entra dans la chambre en croquant dans une pomme bien rouge.
-          Qu’est-ce qui t’as pris ? demanda-t-elle d’un air prudent, come si elle craignait que Nina ne la morde.
-          Oh rien. Laisse tomber.
-          J’ai bien vu que tu regardais le groupe de Samantha. C’est une peste royale, tu sais, toujours bichonnée par ses parents et vénérée par les personnes « cool ». le genre de personne à éviter. D’ailleurs, je ne sais pas ce qu’elle vient faire là, vu le prix des chaussures avec lequel elle foule ce sol miteux.
Nina en resta soufflée. Était-ce ainsi que la voyaient les non-populaires ? Elle avait du mal à y croire. Cependant, elle devait bien avouer qu’elle s’était relativement reconnue en Samantha. Kate, la voyant troublée, haussa les épaules en lui disant de l’appeler s’il y avait le moindre problème avant de disparaître dans le couloir. Nina se redressa, verrouilla la porte. Il était déjà 13h. Elle songea à l’arrivée des anciens du manoir vers les quinze heures.
Elle se leva, fila à la salle de bain pour sécher les quelques larmes qui menaçaient de couler. Elle se regarda dans le miroir, et fut plutôt satisfaite par ce qu’elle y redécouvrit. Ses cheveux châtains ondulés s’étaient échappé de la natte qu’elle avait réussi à faire ce matin, encadrant son visage ovale aux traits réguliers. Elle avait les lèvres parfaitement rosées, les yeux d’un bleu lagon profond et le teint diaphane. Elle passa ses doigts humides sur son visage en évitant les yeux pour ne pas tracer de sillons de mascara, vérifia sa manucure et détacha ses cheveux.
Quand elle revint dans la chambre, son regard se posa sur l’ordinateur de Kate. Elle-même n’en avait plus, revendu à la hâte par ses parents. Elle ne se rappelait que trop de son ordinateur portable Apple dernier cri. Celui-ci n’était qu’une vieille loque, mais Nina décida de s’y connecter. Elle se sentit un peu coupable d’utiliser le forfait de Kate mais les réseaux sociaux lui manquaient trop.
Elle surfa sur le net pendant une demi-heure, puis songea à s’arrêter pour ne pas non plus gaspiller tout le forfait de sa colocataire. Elle referma l’ordinateur qui ronronnait, le mit en veille et se mi à lire des magazines.
Elle angoissait un peu pour demain, où elle ferait sa vraie rentrée des classes : répartition, nouvelles amies, nouvelles habitudes… ça allait être la redécouverte du lycée en quelque sorte. Elle se demandait bien si elle allait se retrouver dans la même classe que Kate ou de Samantha. Elle pria intérieurement pour la seconde solution, qui paraissait correspondre le plus à ses attentes.
Elle se réfugia dans son lit, ferma à moitié les volets pour ne laisser rentrer que le strict nécessaire et s’endormit jusqu’à ce que Kate la réveille.
à la fac, sans aucune échappatoire. C’était inconcevable !
Nina se concentra à nouveau sur la réalité, sortit ses magazines qu’elle réussit à faire rentrer dans la






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